9000 km: de la Mongolie à la Sardaigne

Un peu plus de 9000 kilomètres séparent la Mongolie de la Sardaigne. Malgré l’énorme distance, les deux terres ont plus en commun qu’on ne le pense.

Parmi les us et coutumes traditionnels, le chant est celui qui unit le plus les deux peuples. Cela confirme l’analogie entre le chant harmonique mongol et le chant ténor sarde. En effet est née une célèbre collaboration entre les chanteurs diphoniques mongols Tsogtgerel Tserendavaa et Ganzorig Nergui et le Cuncordu e Tenore de Orosei.

Le Khoomei, chant harmonique ou diphonique de Mongolie, est une technique vocale très particulière qui permet d’exécuter simultanément jusqu’à trois notes harmoniques différentes les unes des autres, parmi lesquelles émergent des timbres gutturaux, c’est-à-dire des sons rauques et durs émis près du larynx et de la gorge. Il est généralement accompagné d’instruments de musique à cordes comme le Morin Khuur (violon à tête de cheval), d’instruments aérophoniques comme l’Aman Khuur (harpe ou «trunfa» en sarde) et la flûte Tsuur.

Chant harmonique mongolo

La Chant Ténor Sarde en 2005 a été inscrite sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Il est généralement composé d’un quatuor, sa boche, sa mesu-boche, sa contra et su bassu. Les deux derniers produisent des sons gutturaux; su bassu, en particulier, atteint les tons les plus bas et les plus « durs ».

Chant Ténor Sarde
Quand sont nées ces formes singulières de chant? Quelle est leur origine?

On suppose qu’ils ont des origines très anciennes. Si d’une part les deux chants sont unis par les sonorités gutturales caractéristiques, d’autre part émerge leur fonction de pratique spirituelle.

Le chant mongol, qui touche le nord-ouest de la Mongolie, est un descendant direct des chants de la République de Touva, en Sibérie. Le Chamanisme mongol-sibérien utilise la voix comme un outil phonétique nécessaire pour créer un contact avec des entités spirituelles présentes dans la nature. Les bruits de l’eau, du vent et des animaux sont imités et reproduits.

Au contraire, l’origine du chant ténor sarde semble être plus floue. On pense qu’il était déjà présent à l’époque des Nuragiques, il y a près de 4000 ans. Les trois voix qui accompagnent le chant ‘sa boche‘ imitent probablement les sons des animaux, en particulier le bœuf, le mouton et la chèvre.

Il faut tout de même noter que cela ne reste qu’une hypothèse.

Ce sont sans doute des chants étroitement liés au monde agro-pastoral et aux événements qui le caractérisent. Les pâturages en effet dominent les immenses plaines de la steppe mongole et les petits paysages diversifiés de la Sardaigne. Le nombre de têtes de bétail est largement supérieur au nombre d’habitants, notamment en Mongolie où il y a 60 têtes de bétail pour chaque habitant.

Mais c’est un autre discours qui concerne plutôt des dynamiques liées aux systèmes capitalistes mondiaux qui n’ont rien à voir avec les us et coutumes d’un monde pastoral dont les origines sont bien plus anciennes.

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